Startups, IA, Cloud : la France joue gros sur son avenir numérique
L’édition 2025 de VivaTechnology a marqué un véritable tournant avec une affluence record de 180 000 visiteurs, 120 pays représentés et 14 000 startups.
Avec le plus grand salon technologique d’Europe et le plus grand campus de startups au monde (Station F), la France souhaite s’imposer comme une puissance mondiale dans les secteurs du numérique et des technologies de l’information et de la communication (TIC). Le gouvernement a injecté près de 10 milliards d’euros depuis 2017 et le plan France 2030 consacre 7 milliards d’euros à la transition numérique, mettant l’accent sur l’intelligence artificielle et l’informatique quantique.
Le chiffre d’affaires du secteur numérique a représenté 70 milliards d’euros en 2023 (Syntec Numérique). La croissance moyenne annuelle prévue est de 13,5 % sur ce marché entre 2025 et 2032, ce qui devrait générer près de 400 000 emplois.
La France joue un jeu individuel et collectif à la fois. Elle joue individuel quand il s’agit de booster son écosystème pour attirer les investissements et les talents. Elle joue collectif quand il s’agit de recherche (Choose France for Science vs faible budget de la Recherche fondamentale) et de protection des données (Cloud souverain). C’est ainsi qu’il convient d’interpréter la présence d’Emmanuel Macron « on stage » lors de l’annonce de la création de « Mistral Compute », une infrastructure d’IA souveraine pour l’Europe, fruit d’un partenariat entre NVIDIA et Mistral AI à Vivatech.
Ces chiffres sont certes prometteurs, mais est-il possible de devenir un géant du progrès technologique quand la France perd chaque année de plus en plus de productivité ? Que le CIR est remis en cause à chaque PLF et que les charges fiscales et administratives tirent nos fleurons vers le bas ?
En matière d’IA, l’Europe réglemente quand la Chine et les États-Unis prennent des risques, innovent et créent de la richesse.
À ce propos, le gouvernement comptait beaucoup sur le projet de loi Simplification de la vie des entreprises, préparé par Bruno Le Maire dès novembre 2023, pour faciliter l’installation en France des grands centres de database (article 15). Il a échoué à sécuriser l’éligibilité des entreprises américaines au statut du PINM (Projet d’intérêt national majeur). En effet, le texte, adopté hier par l’Assemblée nationale, exclut les entreprises relevant du droit d’un pays qui n’assure pas le même niveau de protection des données personnelles que l’Union Européenne. Cela crée une insécurité juridique majeure pour les entreprises américaines.
Côté régulation, les députés ont supprimé la prise en compte de l’innovation dans le mandat de la CNIL ainsi que la réforme de sa gouvernance visant à inclure davantage de profils issus des entreprises. Le gouvernement voulait également réserver 15 % d’un marché public aux jeunes entreprises innovantes (JEI). L’initiative du RN a porté ce plafond à 30 %, ce qui peut ouvrir la porte à une censure constitutionnelle et ainsi contrevenir aux ambitions annoncées par le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, sur la préférence européenne et les aides de l’État au secteur de la Tech.